1. Renseignements de base au sujet de la bactérie Clostridium difficile et des infections à Clostridium difficile (ICD)
Clostridium difficile (ou C. difficile) est une bactérie anaérobie à Gram positif. Elle se présente sous deux formes: une spore en état de dormance qui est entourée d’un épais manteau de protéines, et une forme végétative résultant de la germination de la spore. Compte tenu de la nature anaérobie de la bactérie, la spore en état de dormance est la forme infectieuse et transmissible1. La bactérie C. difficile a d’abord été détectée en 1935 dans le tractus intestinal inférieur des nouveau-nés, mais on ne la considère pas comme une bactérie commensale normale de la flore intestinale2. Il aura fallu attendre jusqu’en 1978 pour comprendre ce qui causait la maladie communément appelée «infection à Clostridium difficile». C. difficile est une bactérie répandue que les scientifiques ont déjà isolée à partir des sols, des foyers, des lieux de travail et des établissements de soins de santé3,4.
Quelle est l’étiologie de l’ICD?
La bactérie C. difficile cause la colite pseudomembraneuse, une atteinte inflammatoire grave du côlon communément appelée «ICD». En général, deux conditions sont essentielles pour déclencher cette infection: la colonisation de l’intestin par les spores, et l’exposition aux antibiotiques. Chez les personnes en santé, les spores de C. difficile peuvent coloniser l’intestin et coexister avec une grande variété de bactéries «commensales» qui constituent le microbiote. Ces bactéries commensales forment une couche muqueuse sur les cellules épithéliales des parois intestinales.
Cependant, après un traitement aux antibiotiques, le microbiote normal de l’intestin se trouve perturbé, et un grand nombre de bactéries commensales sont détruites. Dans de telles circonstances, certains micro-organismes, dont C. difficile, peuvent échapper à l’action de l’antibiotique et se mettre à proliférer. Les spores de C. difficile adhèrent alors à la paroi épithéliale de l’intestin grêle, où elles germent et passent à l’état végétatif, puis se multiplient, ce qui entraîne la libération de deux exotoxines, la toxine A et la toxine B, qui attaquent les cellules épithéliales et provoquent des lésions muqueuses5. Des études laissent suggérer que la toxine B serait le facteur responsable de la virulence de C. difficile6,7.
La vulnérabilité du patient ou la virulence de la souche de C. difficile peuvent également être des facteurs déterminants dans la probabilité que la colonisation évolue vers une véritable infection. Certaines personnes chez qui une colonisation s’est produite et des antibiotiques ont été administrés peuvent demeurer asymptomatiques8.
Bien que la plupart des antibiotiques soient soupçonnés de jouer un rôle dans le déclenchement des ICD, le risque apparaît plus grand dans le cas de certains types d’antibiotiques, tels que les céphalosporines, les fluoroquinolones et la clindamycine. Au cours de certaines éclosions récentes, le rôle des fluoroquinolones a été mis en évidence9,10.
Qui peut être atteint d’une ICD?
Les personnes de tous âges peuvent être atteintes d’une ICD, sauf que le risque est plus élevé chez les patients de plus de 65 ans, les personnes souffrant de maladies chroniques et de comorbidités telles que le diabète, les personnes ayant récemment subi une chirurgie gastro-intestinale, les personnes immunodéprimées et celles qui ont des antécédents d’antibiothérapie11. De plus, les personnes qui passent de longs séjours dans un établissement de soins de santé (par ex., hôpitaux, foyers de soins et CHSLD) courent un plus grand risque de contracter la bactérie.
Symptômes associés aux ICD
Selon la virulence de la souche de C. difficile qui infecte l’hôte, les toxines peuvent causer des symptômes allant d’une diarrhée légère à la colite pseudomembraneuse. Dans tous les cas, la diarrhée est le symptôme majeur d’une ICD. Les cas les moins graves peuvent présenter ce symptôme uniquement, tandis que les atteintes plus graves peuvent s’accompagner de crampes abdominales intenses, de présence de sang ou de pus dans les selles, de nausée, de ballonnement abdominal, d’insuffisance rénale et d’une élévation des leucocytes12. Une large proportion des patients doit subir une colectomie, c’est-à-dire une ablation du côlon. Les cas d’infection les plus graves peuvent évoluer vers un choc septique, voire la mort.
Comment les ICD sont-elles traitées?
Les ICD sont traitées par l’administration d’antibiotiques aptes à détruire la bactérie C. difficile. Pour les atteintes moins graves, le métronidazole est l’antibiotique le plus souvent prescrit. Pour les cas plus virulents, la vancomycine ou la fidaxomicine par voie orale sont les antibiotiques les plus susceptibles d’être prescrits. Les traitements par antibiotiques durent en général au moins 10 jours. Plus récemment, la bactériothérapie fécale (appelée aussi fécalothérapie ou greffe fécale), soit la transplantation de matières fécales d’un donneur sain dans l’intestin d’un patient atteint, a connu un certain succès dans le traitement des ICD, sauf que l’innocuité à long terme de cette intervention n’a pas encore été établie12.
Qu’est-ce qu’une ICD récidivante?
La récidive de l’ICD demeure un risque potentiel chez une grande proportion de patients. Elle touche environ 20 % des patients et peut survenir à peine une ou deux semaines après la résolution de l’infection initiale, et cela, à plusieurs reprises. La première récidive est généralement traitée avec le même antibiotique utilisé pour traiter l’infection initiale, tandis que les infections récidivantes multiples sont généralement traitées par la vancomycine ou la fidaxomicine.13